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Faire un signalement

Vous circulez à vélo. Vous constatez un problème d’infrastructure qui rend votre cheminement dangereux ou inconfortable.  Faites un signalement aux autorités compétentes.

Jalonnement aux Pays-Bas et en Flandre.

Nous l’avons tous remarqué, le cycliste urbain qui utilise son vélo quotidiennement pour aller au travail ou pour faire ses courses connaît son chemin par cœur et n’en varie que très peu. Il est un spécialiste très pointu de son itinéraire, connaît tous les creux et les bosses de ce parcours et maîtrise à la seconde près le cycle des carrefours à feux qu’il traverse. Sorti de ce train-train quotidien, il connaît assez mal le réseau cyclable des autres quartiers de sa commune et, pour se rendre d’un point à un autre, il devrait pouvoir s’appuyer sur un système cohérent de panneaux d’information comme il en existe pour la circulation automobile mais spécifiquement destinés aux déplacements à vélo ; car à tenter de suivre les directions fournies à l’intention des automobilistes, on risque fort de se retrouver sur une quatre voies …

Ce qui est vrai pour un usage urbain et quotidien l’est encore plus dès lors qu’il s’agit de se déplacer pendant nos loisirs sur de longues distances et dans un environnement inconnu. Un tel système de signalisation ou « jalonnement » est une des revendications récurrentes de Dérailleurs, exigeant des différents acteurs (communes, communautés de communes, département) un système de jalonnement fiable et harmonisé que ce soit pour le vélo urbain ou le vélo de loisir.

A l’occasion d’une récente randonnée aux Pays Bas et en Flandre (Bruges, Ostende, La Haye, Zandvort, Amsterdam, Utrecht, Breda, Anvers, Gand et Bruges), j’ai pu apprécier sur l’ensemble du réseau cyclable un système intégré de jalonnement à trois niveaux, simple, fiable et correspondant aux besoins de chacun.

Le réseau LF. Les LF (abréviation de « Landelijke Fietsroutes » ou « Itinéraires cyclables nationaux » ) sont des itinéraires de randonnée longue distance, destinés plus particulièrement aux vélo-touristes. Aux Pays-Bas, on compte un peu plus d’une vingtaine de ces itinéraires totalisant quelques 4500 km, les plus courts étant des itinéraires de liaison entre deux autres LF et les plus longs étant des « assemblages » de LFs comme le « Ronde van Nederland » qui fait 1300 km en boucle de Arnhem à Arnhem. Pour ma part, j’ai pu emprunter en totalité ou en partie la LF1 ou Noordzeeroute qui suit la côte, la LF20 ou Flevoroute de Haarlem à Amsterdam, la LF7 ou Oeverlandroute de Amsterdam à Utrecht puis la LF9 ou NAP-route entre Utrecht et Breda. Pour toutes ces routes, la signalisation est identique. Il s’agit d’un panneau rectangulaire, vert sur fond blanc, sur lequel on trouve le numéro de la LF plus une lettre (a ou b selon le sens où l’on va), le nom de la LF et une flèche indiquant la direction à suivre. Ainsi, j’ai été accompagné plusieurs jours par le panneau LF1b de la Nordzeeroute, b étant la direction sud-nord. Ces lettres a et b sont importantes car sans elles on pourrait fort bien prendre une direction contraire à l’occasion d’une traversée de ville un peu délicate.

Les LF sont des itinéraires essentiellement touristiques. Ils empruntent toutes sortes d’équipements cyclables. Ils sont bien entretenus mais n’hésitent pas à faire de longs détours histoire de vous faire découvrir un joli point de vue. Sachez toutefois qu’il n’y a pas de surprise avec le kilométrage … c’est bien celui annoncé au départ. Pas de surprise non plus avec le balisage : chaque changement de direction est indiqué, même au cœur d’une grande ville comme Amsterdam, et si à un croisement vous ne voyez pas de panneau, cherchez un peu : il est bien là mais vous ne l’avez pas vu (quelquefois caché par la végétation ou bien – histoire vécue – complètement masqué par un mur de stands forains le jour de la fête au village). Alors, il est toujours bon d’emmener avec soi une carte de la région (le 1/250.000ème étant largement suffisant), d’autant plus que ce type de signalisation indique la route à suivre mais ne donne aucune indication de distance ni de nom de lieu. Une dernière chose : ces itinéraires étant comme on l’a dit destinés aux vélo-touristes, on trouve tout le long quantité de services, la palme revenant à cet hôtel-restaurant proposant – le temps d’un repas – des bornes de recharge pour vélo à assistance électrique.

Exemple de signalisation longue distance sur la LF1, le long de la côte

Le réseau knooppunt. Le réseau knooppunt (point-nœud en flamand) semble être spécifique aux Pays-Bas et à la Flandre. Le principe est très simple. L’ensemble des itinéraires cyclables du pays forme un maillage très serré. Chaque intersection de ces itinéraires est numérotée. On trouve à chaque intersection non seulement un panneau affichant clairement son numéro mais également plusieurs panneaux donnant la direction des points les plus proches.

Une fois cela posé, préparer une randonnée consiste à repérer sur une carte la liste des points par lesquels on doit passer pour aller d’un endroit à un autre, les noter sur une fiche, et c’est tout … Une randonnée = une suite de numéros. Il suffira alors de suivre les points tout au long de la journée.

Sur le terrain, l’organisation est proche de la perfection. Aux intersections, l’hésitation est rarement de mise. Les panneaux sont bien en place et, aux nœuds importants, des cartes sont là pour présenter l’environnement immédiat et les points alentour. En dehors même du réseau cyclable, des balises sont présentes sur les routes et dans les villages pour rabattre les brebis égarées sur le point le plus proche.

La limite de ce système réside dans l’inattention du voyageur cycliste. Fatigue, manque d’attention, aléa de la route (une camionnette masque le balisage à une intersection), il peut arriver que l’on parte tout droit alors qu’il fallait tourner à gauche ou à droite. Là encore, une bonne vieille carte permet de se rattraper en toutes circonstances.

Le réseau des Knooppunt, contrairement au réseau LF est assez inégal et pas toujours très roulant. Il est formé de pistes cyclables réservées, mais également de petites routes peu fréquentées, de chemins d’exploitation agricole, de chemins de terre … et pire encore de secteurs pavés. Heureusement, les cartes et sites internet qui y sont consacrés donnent des informations sur la qualité du revêtement et l’on tracera son itinéraire en fonction du type de vélo que l’on pratique (vélo de route, VTC, VTT …).

Panneau de signalisation Knooppunt : le point 30 c’est par ici et le point 26 c’est par là

Panneau d’information aux points-noeuds importants

Knooppunt 56 : panneau d’information avant la traversée de Europoort (l’avant-port de Rotterdam)

Préparer son voyage. Avant de préparer un voyage à vélo en Flandre et aux Pays-Bas, il faut savoir que le réseau cyclable est très dense et que l’on peut tracer sa route sans vraiment tenir compte de ce même réseau. Il sera toujours temps sur place de se procurer les cartes des LF et Knooppunt et de tracer chaque jour son itinéraire.

L’autre moyen, celui que j’ai utilisé, est de préparer sa route en utilisant des sites internet spécialisés. Je conseille :

pour les Pays-Bas http://www.nederlandfietsland.nl/fietsrouteplanner

pour la Flandre :

http://www.fietsnet.be/routeplanner/default.aspx pour le réseaux point-noeuds

http://www.groteroutepaden.be/grlf/ pour les lf itinéraires longues distances

Ces sites sont en flamand mais on s’y retrouve quand même assez facilement. Les deux premiers sont équipés de logiciels de calcul d’itinéraire très performants et au kilométrage précis. Ils indiquent également passages d’eau, campings, hébergement, restauration. On peut même imprimer les cartes avec les points-nœuds ce qui permettra ensuite de se rattraper en toute occasion.

Calcul d’itinéraire sur le site néerlandais nederlandfietsland.nl

Calcul d’itinéraire sur le site belge fietsnet.be

Le jalonnement direct. Ce système de signalisation s’apparente au système de signalisation pour les automobiles mais il est bien réservé au vélo et plus particulièrement au vélo de proximité. Il ne s’agit pas là de faire du tourisme mais de rejoindre rapidement une ville, un village, une plage … et ceci au plus court. Les panneaux sont lettrés en rouge sur fond blanc. Ils indiquent le sens, les localités et le kilométrage. Ils ont une vocation utilitaire et n’hésiteront pas à vous emmener pour 30 km sur une piste cyclable accolée à une 4 voies.

Jalonnement direct avec indication des distances

Remerciements. Remerciements particuliers à Eric, un ami belge, qui m’a aidé à préparer ce voyage en me donnant quelques explications sur les systèmes de LF et Knooppunt ainsi qu’à Thierry qui m’a accompagné et a dû ainsi braver le froid et supporter les quelques imprécisions d’itinéraire qu’une meilleure préparation nous aurait permis d’éviter.

Les trois systèmes de jalonnement réunis sur un même poteau

2 comments to Jalonnement aux Pays-Bas et en Flandre.

  • Jérôme

    Il me semble qu’il existe un quatrième niveau (ou une déclinaison du 3ème ?) :des panneaux indiquant des directions avec des noms de lieux, mais en vert sur fond blanc, au lieu du rouge, et qui marquent des destinations ou des itinéraires plus « touristiques » ?
    L’Allemagne est dotée d’un jalonnement vélo très correct, d’une qualité variable selon les régions et jamais aussi perfectionné que le système hollandais : seulement des panneaux directionnels, en vert sur fond blanc, et des indications de véloroutes.
    On trouve au Danemark un bon jalonnement, essentiellement pour le tourisme à vélo, avec directions et numéros de routes.
    La Suisse possède un jalonnement complet pour les véloroutes, y compris au niveau local (blanc sur fond rouge).
    L’Autriche, la Slovénie, la Suède, la Norvège, la République Tchèque (et d’autres) ont aussi des systèmes de jalonnement spécifiquement cyclable, et essentiellement à vocation touristique.
    Une numérotation des eurovéloroutes existe, mise en place de manière diverse, et souvent parcellaire, selon les pays. Des études ont été menées en France sur la numérotation des véloroutes, mais n’ont pas abouti. En conséquence, certaines régions (Bretagne), voire certains cantons, ont instauré des systèmes de numérotation autonomes et incompréhensibles pour les horsains…
    En France, la norme pour les panneaux existe (panneaux « directionnel vélo », dv). Elle est imparfaitement respectée. Des itinéraires de cyclotourisme sont correctement jalonnés (Loire à vélo-Eurovéloroute 6).
    Il est évident qu’à l’échelon local, une réflexion sur ce sujet est indispensable. Elle permettrait une réflexion non plus en terme d’aménagements cyclables, mais d’itinéraires, qui serait plus pertinente : on peut (l’exemple hollandais le prouve) utiliser successivement pistes, bandes, zones de rencontre, petites routes… En ce sens, la mise en place d’itinéraires amènerait aussi une réflexion sur la hiérarchisation des routes/rues… Et des travaux nécessaires !

  • l’article est très intéressant de ce qui se passer chez nos cousins qui ont toujours su mettre en avant le cyclo tourisme. Il faudrait qu’on s’en inspire en France.