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De Lectoure à Marseille …

Suite et fin de nos récits de voyages à vélo effectués à l’été 2016. Voici le tour de Christine et Anne pour une randonnée de 14 jours entre Lectoure et Marseille. Christine et Anne sont membres du CA de Dérailleurs et n’ont repris goût à la randonnée à vélo que depuis peu. Christine a participé en 2015 à la randonnée pour le climat Copenhague-Paris organisée par CyclotransEurope, et toutes deux ont participé en avril dernier à la randonnée La Rochelle-Caen organisée par Dérailleurs. Quand on vous dit que le tourisme à vélo est un virus que l’on attrape et dont il est difficile de se débarrasser … Rappel : tous les voyages dont le récit est publié dans ce blog ont été effectués par des adhérents de Dérailleurs. Si tel ou tel voyage vous intéresse, si vous souhaitez des informations complémentaires, nous pouvons vous mettre en relation avec les personnes concernées.

Lundi 27 juin, je quitte Lectoure dans le Gers sur mon vélo de randonnée bien chargé et entame un périple de 14 jours jusqu’à Marseille. Il fait beau et j’aurai presque continuellement le vent dans le dos (eh oui, ça arrive!), vent qui souffle assez constamment dans ces régions méridionales. Ce premier jour, j’ai prévu de rejoindre Moissac et son abbaye du XIIè siècle avant de m’arrêter à Montech où ma compagne pour 5 jours, Anne, m’a donné rendez-vous. Petites routes assez vallonnées, villages perchés comme Lachapelle, la balade du matin est bucolique et je fais ma pause déjeuner le long d’un lac formé par le Tarn au sud de Moissac. En début d’après-midi, j’installe mon vélo sur la place de l’abbaye à Moissac, bien pourvue en arceaux et visite longuement cet édifice magnifique. Je dois ensuite trouver la voie verte du canal des Deux Mers qui longe durant des kilomètres le canal latéral à la Garonne. Des cyclistes m’aident dans ma recherche car les indications ne sont pas précises et, rapidement, j’ai le plaisir de débuter la découverte de cet itinéraire dans les meilleures conditions. A Montech, le canal offre un dispositif technologique assez original qui est la pente d’eau permettant de remplacer l’équivalent de 5 écluses en faisant monter les bateaux comme par un ascenseur. Nuit au camping municipal de Montech où je retrouve Anne qui a pris le train jusqu’à Montauban avec son vélo équipé.

Mardi 28 juin, après une visite à la pente d’eau, nous descendons le canal latéral à la Garonne sur la voie verte, très carrossable, ombragée par de hauts platanes et ponctuée régulièrement d’écluses très pittoresques, croisant des péniches dans une ambiance amicale et bon enfant. Même lorsque l’autoroute et la route nationale se trouvent à quelques centaines de mètres, le canal reste un havre de paix et de fraîcheur bien agréable. A proximité de Toulouse, nous tentons de nous repérer dans l’enchevêtrement des voies d’accès au centre et nous livrons à des exercices périlleux pour rejoindre notre camping, situé à 8 km à l’ouest. Le soir, nous repartons dîner à Toulouse avec un ami et en profitons pour visiter les abords de la Garonne, quelques églises dont Saint-Sernin et la Place du Capitole. Retour nocturne au camping (l’union fait la force !).

Mercredi 29 juin, la traversée de Toulouse pour rattraper le canal s’effectue sans difficulté et cette partie du canal encore assez urbaine est différente avec beaucoup de péniches habitées, des passages aménagés pour les vélos garnis de magnifiques tags puis l’arrivée au seuil de Naurouze, ainsi appelé car c’est là que se situe la ligne de partage entre les eaux de l’Atlantique et celles de la Méditerranée. Le site est vaste et nous errons un peu avant de retrouver la continuité du canal du Midi. Castelnaudary nous accueille sur sa colline en bord de lac puis, un peu fatiguées, nous quittons le canal de quelques km pour atteindre le camping d’Alzonne.

Jeudi 30 juin, matinée un peu décevante car nous ne suivons plus le canal du Midi, déconseillé aux abords de Carcassonne car difficilement praticable, et devons affronter la grand-route jusqu’à cette ville. Nous flânons sur la place du marché avant d’aller pique-niquer sous les fameuses murailles et de faire le tour de la citadelle. Avant de parvenir à quitter Carcassonne et trouver la route vers Trèbes, nous nous égarons sur des bretelles d’autoroutes sans fin, tournant et rebroussant chemin, perdues dans cet univers motorisé. Enfin les petites routes sont retrouvées puis une montée longue et épuisante sous le cagnard suivie d’une descente à couper le souffle dans les gorges de l’Alsou menant à la cité médiévale de Lagrasse. Petite visite et farniente à la buvette de l’abbaye avant de monter au camping de Ribauté qui domine Lagrasse.

Vendredi 1er juillet, nous poursuivons notre périple par une longue descente vers la côte méditerranéenne nous menant à Sigean puis Port La Nouvelle. Première baignade, glaciale, dans la mer alors que la température extérieure approche les 40°. Requinquées, nous décidons de remonter vers le nord par la voie verte du Canal de la Robine. La balade est à la hauteur de nos espérances, entre étangs et canal, dans une belle nature assez préservée et toujours au calme sur un itinéraire que seuls quelques cyclistes et piétons empruntent. Nous poussons un peu plus fort sur les pédales pour arriver à Gruissan. Le camping, en chantier, est peu accueillant mais le vin des Corbières et le restaurant du soir achèvent, avec la visite de la vieille ville, de nous faire apprécier le pays.

Samedi 2 juillet, le dernier jour avec Anne pour découvrir le cimetière marin de Gruissan, original et émouvant puisqu’il s’agit d’un sentier parsemé d’un grand nombre de sépultures de marins morts en mer. Chaque tombe comporte son épitaphe. Auparavant, il a fallu grimper par la petite route au Massif de la Clape. La Chapelle des Auzils aussi présente d’émouvants ex-voto et des maquettes de bateaux. Bien sûr, il faut ensuite redescendre et c’est là que ça se gâte car, pour la première fois depuis notre départ, il faut à la fois affronter le vent de face et des côtes prononcées pour rallier Narbonne. Un pique-nique sur la place du marché nous dédommage de cet effort dantesque puis nous visitons la cathédrale dont seul le choeur est achevé puis le musée d’art et d’histoire de Narbonne. J’abandonne là Anne qui doit reprendre le train pour la Normandie et file vers le camping de Bizanet, proche sur la carte mais qui, curieusement, se dérobe à moi. Je dois déployer mes dernières forces pour enfin y accéder (toujours ce foutu vent !).

Dimanche 3 juillet, me voilà seule mais pleine de projets et je commence par aller visiter la magnifique et fameuse abbaye de Fontfroide. J’y passe la matinée puis reprends ma monture en poursuivant vers l’ouest, donc face au vent. Lézignan-Corbières, toute endormie, Argens Minervois, Homps et Olonzac, sur le canal du Midi de nouveau. Des paysages très différents de ceux que j’avais rencontrés auparavant : ici les platanes se meurent voire ont été coupés et le canal est tout nu. Cependant les villages restent charmants. Ensuite, j’affronte la montée que vont emprunter les coureurs du Tour de France quelques jours plus tard, pour rejoindre Minerve, et ce n’est pas du gâteau ! J’arrive enfin à Minerve par une chaleur étouffante, m’attendant à y trouver un camping accueillant mais que nenni, le camping, vaguement connu des autochtones, se situe bien loin de là, du côté d’Azillanet. Après des km de faux-plat, j’atteins ce lieu suffisamment tôt pour me refaire une santé dans la piscine et partager l’apéritif avec les gérants et quelques campeurs devant l’Euro 2016 Islande-France.

Lundi 4 juillet, je poursuis ma traversée du Minervois, colline après colline, et m’arrête à midi pour visiter une nouvelle abbaye – en fait très vieille et délabrée, Fontcaude que je suis seule à arpenter. L’après-midi, ma route passe par Béziers que j’aperçois de loin, perchée sur un promontoire mais qui ne se livre qu’après de longues heures de pédalage. Dernière montée pour atteindre la ville. Belle vue depuis la cathédrale, nombreux monuments dans cette ville aux vestiges romains et aux nombreuses écluses dotée également d’un pont-canal. Il faut repartir vers Valras-Plage et j’ai bien du mal à trouver l’itinéraire pourtant marqué sur la carte qui me permettrait d’éviter la route à 4 voies.
Arrivée enfin à destination, je pique une tête dans la Méditerranée toujours froide.

Mardi 5 juillet, pas de vélo, journée de fainéante avec des amis qui me dorlotent et m’emmènent voir l’oppidum d’Ensérune et le tunnel du Maupas sur le canal du Midi.

Mercredi 6 juillet, je repars de Valras-Plage par Sérignan et, aidée par d’autres randonneurs, parviens sur le chemin de la Grande Maïre jusqu’à Portiragnes : un avant-goût de Camargue auquel je ne m’attendais pas et qui me séduit par son côté sauvage. Ensuite de petites routes agréables puis la grand-route m’amènent à Marseillan où je goûte longuement au plaisir de rester tranquillement sous un parasol à siroter mon expresso … il fait chaud chaud ! De Marseillan-Plage part une magnifique promenade réservée aux cyclistes qui longe une plage de sable blanc sur des km pour rejoindre Sète. L’occasion de faire trempette dans la mer qui ne s’est pas réchauffée d’un degré. A Sète, visite obligatoire du cimetière marin où séjournent durablement Paul Valéry et Jean Villar (Georges Brassens est enterré plus loin, dans l’autre cimetière) et je me trompe de route pour me rendre à Balaruc le Vieux où m’attendent des amis avec un chaleureux barbecue.

Jeudi 7 juillet, la route passe par Frontignan puis longe l’étang de Vic avec de beaux paysages salés. J’entre dans la zone de Montpellier avec Villeneuve-lès-Maguelone puis Palavas, Carnon, la Grande Motte et le Grau du Roi. Pique-nique à Carnon après une bonne baignade puis la route n’attend pas et la Camargue me tend les bras ! Brève visite d’Aigues-Mortes, splendide sous le soleil puis long cheminement vers les Saintes Maries de la Mer. Le paysage est monotone et j’apprécie d’arriver enfin à destination. Petite soirée musicale aux Saintes Maries où des guitaristes mettent l’ambiance puis nuit à peu près blanche grâce à d’horribles envahisseuses : les fourmis du camping qui me harcèlent sans relâche.

Vendredi 8 juillet, je quitte sans regret le camping aux fourmis, emmenant quelques unes d’entre elles dans mes sacoches. Je parcours la grande digue de la mer, frontière sablonneuse entre Camargue et mer Méditerranée. Un peu monotone et parfois très ensablée, c’est quand même une belle promenade jusqu’au phare de la Gacholle, tout simple au milieu de nulle part. Je remonte vers le nord en longeant l’étang du Fournelet puis celui de Vaccarès : la route est plate et uniforme, je suis déçue car je croyais découvrir un paysage à la Crin-Blanc et ne vois qu’une voie assez large bordée de roseaux et des étangs sans oiseaux. Je remonte jusqu’à Arles : visite de la magnifique église Saint- Trophime et tour de ville avant de repartir vers Fontvieille où il n’y a rien à voir (Le Moulin de Daudet ?) et de trouver refuge au camping de Maussane les Alpilles.

Samedi 9 juillet, j’entreprends le grand tour des Alpilles à partir de Maussane et ça monte, d’abord vers Saint Rémy de Provence (très jolie mais très parisienne) puis vers les Baux de Provence où je croise des cyclistes sportifs qui me félicitent gentiment. Je visite la très intéressante carrière où fut tourné le Testament d’Orphée de Jean Cocteau et où est projeté un jeu de lumières dédié à Marc Chagall. La petite cité est magnifique et la redescente vers Maussane se fait sans difficulté. Mais il faut tracer la route et un long après-midi m’attend pour rallier Aix-en-Provence en passant par Eyguières, Salon de Provence et Eguilles. Le camping d’Aix ne se laisse pas facilement approcher, situé au sud-est sur une haute colline aride.

Dimanche 10 juillet, c’est mon dernier jour et je commence par une visite d’Aix pour reprendre ensuite la route vers Marseille. Après la fatigante étape de la veille, les 30 km vers Marseille sont plutôt doux. Je visite le quartier de l’Estaque puis celui de la Vieille Charité, traverse la ville pour aller me tremper une dernière fois dans la Méditerranée à la Pointe Rouge, très moche, et jeter un œil sur la Cité Radieuse de Le Corbusier (pas très spectaculaire !). Soirée à la gare de la Blancarde pour prendre le train de nuit qui me ramènera à Paris-Austerlitz et rentrer à Caen.

Crédit photos : Christine, Anne.

Photo titre : le cimetière marin de Sète.

NLDR : l’appareil de Christine étant tombé en panne, certaines photos sont très saturées.

Le canal du Midi et ses plaisanciers.

Le canal du Midi et ses écluses.

Anne, sur le canal du Midi

Christine vers Lagrasse.

Gruissan

Le long du canal de la Robine, entre Port-la-Nouvelle et Narbonne

La Grande Maïre

Minerve

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