L’itinéraire retenu n’appelle pas de reproche : on longe le nord de la route (D514) en descendant jusqu’à l’entrée d’Asnelles, via St Côme-de-Fresné, sur une voie de 2,50m de large, en partie séparée de la route par une petite barrière en bois, puis en partie surélevée d’une hauteur de trottoir. On rejoint ensuite la digue d’Asnelles, qui était déjà partiellement pourvue d’une piste cyclable (voir notre avis ici), et dont l’autre partie est maintenant une « voie verte » (problème de signalisation sans doute, car on aurait plutôt pensé à une aire piétonne).
Mais, comme trop souvent, le diable est allé se nicher dans les détails, et ce sont les détails qui font l’intérêt, ou pas, d’une véloroute …
Premier détail, et non des moindres, le revêtement n’est pas uniforme. Si certaines portions (la côte de St Côme et les entrées des riverains) bénéficient d’un revêtement lisse qui n’appelle pas de critique, il y a ailleurs un stabilisé, certes roulant, mais vite poussiéreux (l’été) et salissant (l’hiver), et qui écarte de l’aménagement une partie de ses usagers potentiels : tous ceux qui ont des pneus fins et/ou pas de temps à perdre. Il faudra également voir l’effet du ruissellement vers les champs en contrebas, qui risque de créer des ornières. Selon les services du conseil départemental, la loi littorale a imposé le choix de ce revêtement.
Deuxième détail : le statut. C’est une voie verte, et non une piste cyclable. Le seul « avantage » de ce choix, semble être la possibilité de s’affranchir des règles de priorité liées au statut de « piste cyclable». En effet, si une piste cyclable doit bénéficier de la même priorité aux carrefours que la route qu’elle longe (puisqu’elle en dépend), la voie verte peut avoir un régime différent (puisque c’est une route indépendante). Ici, et alors que la D514 est prioritaire à tous les carrefours, les usagers de la voie verte doivent,eux, céder le passage, y compris à certains riverains : tous ceux qui ont l’habitude de se laisser glisser dans la belle descente de St Côme-de-Fresné se garderont donc d’emprunter cette voie verte ! Ajoutons que certains panneaux de « cédez le passage » ne sont pas implantés réglementairement (à gauche dans le sens de la marche), et que certains riverains ont eux aussi un « cédez le passage » avant de traverser la voie verte : on n’ose imaginer l’imbroglio juridique en cas d’accident …
Troisième détail : voici venu le temps de la véloroute à pied … En effet, à l’entrée d’Asnelles, un premier panneau indique aux cyclistes qu’ils doivent maintenir « l’allure du pas », puis un second leur demande de « mettre pied à terre sur 80 m ». Certes, l’entrée sur la digue est étroite, et il y a effectivement un risque de conflit entre vélos et piétons. Un arrêté a-t-il été pris pour interdire la circulation des vélos sur cet aménagement réalisé dans le cadre du « plan vélo départemental » et vers lesquels on les oriente à grands renforts de logos « vélo » ? Les aménageurs ont-ils déjà essayé de maintenir « l’allure du pas » avec un vélo lourdement chargé ? De demander au pilote d’un tricycle ou, pire, à celui d’un handbike, de mettre « pied à terre » ? Du reste, il est fort probable que les cyclistes non francophones ne chercheront pas à comprendre ces deux phrases, et que les autres, ou bien passent outre, ou bien passent ailleurs … L’autre aspect du problème est que cette pratique (interdire la circulation à vélo sur une véloroute) risque de devenir un principe d’aménagement. Ainsi, il est prévu que, lorsque L’EV4 atteindra Arromanches, la circulation des vélos dans la rue piétonne centrale, pour l’heure autorisée, soit interdite … Quelle solution proposer ? Le maintien de ce « pied à terre » ? Un appel à une « priorité aux piétons» (qui irait d’ailleurs sans le dire si ce passage était une aire piétonne) ? Une possibilité facile de se réinsérer dans la circulation pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas descendre ? Des travaux coûteux pour élargir et permettre une meilleure cohabitation ? Vos avis nous intéressent !
Voilà donc deux kilomètres qui laissent à nouveau un goût mitigé, après le jalonnement imparfait de la Côte de Nacre l’été dernier (voir ici). En effet, les vrais gagnants sont finalement les piétons (jusqu’alors, ils marchaient sur le bas-côté, ils ont désormais la voie verte) et les automobilistes (une partie des vélos va cesser de les ralentir…). Certains cyclistes vont aussi y trouver leur compte ( ceux qui n’y passeront qu’une fois, doucement, par une belle journée d’été et qui verront plus le paysage que l’aménagement…) , mais on espérait mieux d’un « plan vélo » et d’une Eurovelo route …