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Un VAE peut en cacher un autre

Le marché du VAE (Vélo à Assistance Electrique) connaît actuellement en France un très fort développement, en retard toutefois sur certains pays européens comme les Pays-Bas où le VAE représente 50% des ventes en valeur. A Caen et dans la région, tous les distributeurs ont à leur catalogue des modèles électriques ; certaines enseignes caennaises en ont même fait leur spécialité. Peut-être avez vous l’intention dans les jours à venir d’acquérir un vélo à assistance électrique ? Nous attirons donc votre attention sur une catégorie de machine qui pourrait vous être proposée … un VAE peut en cacher un autre.

Rappel de la réglementation en France. La règlementation concernant les vélos à assistance électrique diffère d’un pays à un autre, même au sein de l’union Européenne ! C’est toujours la législation du pays dans laquelle le produit a été vendu qui est prioritaire, donc la France dans notre cas. Vous trouverez ci-dessous un rappel des conditions obligatoires à respecter en France pour que votre VAE soit considéré comme un cycle « classique »  :

  1. L’assistance ne doit se faire que si le cycliste pédale, et se couper à l’arrêt du pédalage. Néanmoins, il est autorisé de mettre en place une assistance au démarrage sans avoir recours au pédalage mais qui ne doit pas excéder 6 km/h. Ce dernier dispositif facilite également les manoeuvres, notamment avec un vélo-cargo.
  2. L’assistance doit se couper à 25 km/h maxi. Le cycliste peut rouler plus vite, mais à la force de ses mollets ou avec la complicité dune descente.
  3. La puissance nominale du moteur doit être de 250 watts maximum.

… et c’est là que nous attirons votre attention : si votre vélo à assistance électrique ne répond pas à l’une de ces trois conditions, il ne se classifie plus dans la catégorie des « cycles » mais dans la catégorie des « cyclomoteurs ».

Le VAE rapide est un cyclomoteur. Aujourd’hui, certains distributeurs commercialisent des machines (abusivement appelées VAE, au mieux VAE ‘rapide’ ou Speed Pedelec) possédant un moteur de 350 watts et assistant le pédalage jusqu’à 45 km/h. Ne respectant pas deux des trois critères énoncés ci-dessus, ils entrent donc dans la catégorie des « cyclomoteurs ». Si en général les vendeurs évoquent du bout des lèvres les aspects réglementaires, ils tentent bien souvent d’en minimiser la portée et mentent souvent par omission. Or, à partir du moment où un VAE entre dans la catégorie des cyclomoteurs, voici les obligations ou interdictions qui s’imposent :

  • il ne peut être utilisé qu’à partir de 14 ans avec le permis AM, mais sans aucun permis pour les personnes nées avant le 1er janvier 1988 ;
  • il doit disposer, depuis le 1er juillet 2004, d’une plaque d’immatriculation;
  • une assurance de type cyclomoteur doit être souscrite;
  • le port d’un casque moto homologué est obligatoire ;
  • en outre, le VAE rapide doit être muni des équipements obligatoires du cyclomoteur : feux avant et arrière, feux stop, totaliseur kilométrique et tachymètre, rétroviseur.
  • interdiction d’utiliser les équipements réservés aux cycles, à savoir bandes cyclables, pistes cyclables, sas vélo, voies vertes …  chose que les vendeurs omettent généralement de dire (si vous ne les branchez pas sur le sujet). Voilà qui en limite fortement l’intérêt.

Une responsabilité énorme. Pour en avoir discuté très récemment avec l’acheteur d’un VAE sur la place de Caen (discussion à l’origine de cet article), le vendeur incitait notre acheteur à ne pas s’embêter à immatriculer son véhicule « à faire comme tout le monde » et quand, à ma demande, l’acheteur a invoqué la question de la circulation sur les pistes cyclables et voies vertes, la réponse a été « oui, normalement, mais personne ne viendra jamais contrôler ». Vous imaginez bien qu’en cas d’accident, la responsabilité du cycliste et du vendeur serait fortement engagée, et les assurances ne couvriraient pas les dommages.

Exigez le certificat d’homologation. D’une manière générale, quelque soit la catégorie de machine sur laquelle portera votre choix, demandez systématiquement au vendeur un certificat d’homologation.  Pour la catégorie des « cycles » la norme européenne qui s’impose est la norme NF EN 15194 (voir illustration). Pour la catégorie des « cyclomoteurs », le certificat d’homologation vous sera demandé de toute façon pour faire immatriculer votre véhicule.

tous les vélos devraient afficher clairement la norme  …

… et leur conformité aux exigences de sécurité.

VAE rapide et marquage Bicycode. Les VAE rapides étant des cyclomoteurs, il est interdit aux opérateurs Bicycode de les marquer. A partir de septembre 2016, Dérailleurs contrôlera la catégorie du véhicule et sera dans certains cas amené à vous demander le certificat d’homologation remis à l’achat.

Les évolutions demandées. La réglementation actuelle, qu’elle soit française ou européenne, est régulièrement décriée par certains utilisateurs soutenus par le lobby des constructeurs. Voici quelques évolutions demandées parmi les plus courantes. A nos yeux, certaines nous paraissent raisonnables, d’autres pas … nous vous laissons vous faire une opinion.

  • Augmentation de la puissance avec même limite de vitesse. La limitation de la puissance à 250W limite aussi fortement la vitesse atteignable dans les côtes. Cette limitation est en particulier problématique dans les régions montagneuses ou sur des vélo-cargo chargés. Par exemple, devant ce besoin en puissance, la Suisse a récemment augmenté la puissance légale de 250W à 500W. Cette augmentation de puissance pourrait être assortie d’une limitation de l’accélération afin que la machine reste contrôlable par tous.
  • Port du casque cycliste au lieu du casque cyclomotoriste. Certains utilisateurs trouvent la mesure disproportionnée et s’appuient sur le fait que les coureurs cyclistes qui roulent bien au delà des 45 km/h ne portent qu’un casque « cycliste ». D’autres prennent en exemple les Pays-Bas où le port du casque n’est pas obligatoire pour les cyclomoteurs de 1ère catégorie (< 45 km/h).
  • Autoriser les pistes cyclables. En mettant également en avant le fait que nombre de cyclistes sont capables de se propulser à la force du mollet à 45 km/h, certains demandent que les VAE rapides soient autorisés sur les pistes cyclables et les voies vertes … quitte à respecter en ces circonstances la vitesse limite de 25 km/h. Là encore, en Allemagne ou aux Pays-Bas, certaines pistes cyclables sont ouvertes aux cyclomoteurs de 1ère catégorie … mais là bas, la culture vélo est bien plus avancée que chez nous et les comportements qui vont avec.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Illustrations. 

La photo « titre » est celle d’un VAE rapide de la marque KALKHOFF, modèle ProConnect Intégral S11, batterie 36v/17ah, moteur IMPULSE Evo – 350W – 45 km/h.

Les deux photos suivantes montrent l’étiquetage d’un VAE « Street Low » de la marque Amsterdamer, fabriqué par AZOR-BIKE (NL).

6 comments to Un VAE peut en cacher un autre

  • sierramatch

    Franchement je suis pas pour, j’ai beau rouler tout les jours j’ai jamais vu de cyclistes à 45km/h, déjà qu’il faut supporter les scooters sur les voies vertes et les pistes cyclables non séparées par un terre plein, si en plus on doit supporter des VAE supersonique c’est un coup pour que je me remette à la moto!!!

  • egareg

    Vrai débat… Vaut-il mieux un VAE « musclé » ou « débridé » qu’une voiture ?

    Sinon, les cyclistes qui arrivent à se propulser à 45 km/h à la force des mollets sont expérimentés et entraînés, connaissent les réactions de leur véhicule et savent donc s’adapter aux conditions de circulation du moment. Ils roulent à ces vitesses lorsque le revêtement le permet, lorsque la densité du trafic le permet : pas sur une voie verte en stabilisé un dimanche après-midi.
    Pas sûr que ce serait le cas d’utilisateur de VAE sur-bosstés.

    Le comportement reflète assez l’état d’esprit ambiant : la technologie le permettant, on veut « plus » (de liberté, d’autonomie, de vitesse, de puissance…) tout de suite, sans contrepartie (immatriculation, assurance, casque, respect des aménagements spécifiques).
    On ne veut pas les contraintes du vélo « classique » (effort, vitesse modérée si l’on n’est pas sportif, sueur, difficulté à chaque côte), mais on veut tout de même tous les avantages (couloirs réservés, voies vertes…).

    Mais il faut tout de même bien choisir, avant que les assurances tranchent quand il y aura eu des dégâts.

  • corbin

    Je vois d’ici une redite de ce qui s’est passé au début de la motorisation des deux-roues : une législation inexistante d’où de nombreux accidents plus ou moins cachés (qui ira recenser le nombre de morts et d’estropiés en VAE musclé) et, la mode aidant, quantités de petits jeunes ou « se prenant pour » qui feront du gymkhana sur la route avant que les pouvoirs publics ne réagissent. On ne va quand même pas réinventer ce qui existe déjà : quand je faisais de la mobylette, il y a longtemps, il fallait souvent que je l’aide en poussant sur les pédales !

  • jean-françois lebret

    Bonjour,
    Un article informatif, bien informé. Les revendeurs ont un discours très souple qui mérite toute ces précisions.
    On pourrait ajouter que tous les vélos équipés d’un KIT sont non homologués.
    Que l’usage du frein doit couper le moteur.?
    Pour l’assurance, les accidents VAE conforme ou pas, aucun chiffre ne serait accessible ou pertinent à ce jour.

    Il y a aussi d’autres bémols dans la configuration des VAE comme, le poids du cycliste. La puissance de 250W est calculée pour un cycliste de 60 à 70kgs. Imaginons une personne en surcharge pondérale, peu sportive ou moi, 100 kgs. Puissance et limitation de vitesse ne sont pas nécessairement couplés.
    Cependant à 45km/h il peut y avoir une grosse différence de vitesse avec les autres vélos, vecteur d’accident, comme avec les autres véhicules. En ville, sur des « territoires » et voies mixtes, des pistes étroites, cette vitesse me semble élevée.
    De plus, ceux qui se sont pris le béton au-delà des 40 km/h, j’en suis, réfléchissent à 2 fois.
    Que dire aussi de ces cyclistes entrainés, aguerris qui font l’économie du poids d’une sonnette (et de lumières) et doublent ou croisent sans sourciller … au quotidien.

    Pour le casque, très débattu au niveau mondial, il m’a évité un bon gros trauma. Alors… Je pencherai pour un casque cycliste amélioré, moins lourd ? plus ventilé ? adapté à la spécificité des chutes à vélo ?

    J’aime cette absence de parti prix dans le commentaire, encore : « Le comportement reflète assez l’état d’esprit ambiant ». J’ai enfin ouvert les yeux, je vais reprendre ma voiture délaissée. Je veux plus de bouchons, de gaz carboniques, de frais … « L’esprit ambiant » : plus de lois, plus de contraintes et d’interdits, de la discipline et de la rigueur, l’humain n’étant pas fiable.

    Oui, j’ai un VAE, peu de muscles, de tout petits poumons et suis un méçant trisseur. Bouhouuu

  • Medhy D

    Bonjour
    J’ai en ma possession un vae à 45km/h depuis 4 ans (25kg sur la balance) et un vélo dit de course depuis très très longtemps (7kg sur la balance).
    Je peux vous dire que je roule bien plus vite avec mon vélo de course qu’avec mon vae.
    Les Vae à 25km/h ne me conviennent pas du tout car l’assistance commence à baisser autour des 20 km/h, vitesse minimum à laquelle je roule.
    L’apport du vae dans ce cas est plus que limitée, sauf peut-être dans les montées un peu rude.
    Il ne faut avoir peur de ces vae plus puissants, d’après mes sources, il s’en vend une petite dizaine par an sur l’agglomération caennaise.
    De plus pour rouler à 45km/h il faut quand même avoir une certaine condition physique car ça reste un vae : tu ne pédales pas tu n’avances pas.

    … Et que dire des vrais cyclomoteurs (49.9cm3) sensés rouler à 45km/h qui nous enrhument avec des vitesses supérieures à 80km/h en ville

  • poney95

    Le bridage à 25 km/h est pénalisant pour ceux qui veulent suivre un groupe. Si les autres roulent à 28 km/h il faut déconnecter l’assistance et revenir dans les roues du groupe de cyclistes « à la force des jambes ». Après 3 tentatives on laisse tomber et on continue tout seul. Avec 47 volt X 8.8 ampères j’arrive à une puissance de 413 Watts. Cela me permet de faire 70 km avec 5 à 7 côtes en déconnectant l’assistance dans les faux plats descendants. Je trouve que l’on met trop en avant la vitesse (32 km/h ça suffirait, comme aux USA) et pas assez l’autonomie des VAE. Une autonomie de 150 km me permettrait de retrouver le plaisir de faire des longues distances et de ne pas m’inquiéter de l’autonomie restante de ma batterie quand je suis à 30 km de chez moi. Si on compare avec les voitures électriques, la tendance médiatique du 0 à 100 km/h en quelques secondes supplante la recherche de l’autonomie maximum. En ce qui concerne les casques je préfère un bon casque cycliste, qui lui, ne nuirait pas à mes cervicales !