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Des pédalos pour améliorer la fluidité des circulations urbaines

Le site Mobilettre consacré à la mobilité publie ce jour un article signé Gilles Dansart sur un projet tenu secret jusque là par le gouvernement. La photo montre le prototype du futur Pédalo qui sera livré aux villes françaises (ici version une place). Voici le texte de cet article : « Les innovations les plus simples sont parfois les meilleures. Selon nos informations le gouvernement devrait annoncer au prochain conseil des ministres un plan de développement des pédalos dans les villes françaises, afin de fournir des solutions écologiques et économiques aux Français confrontés à la hausse des prix de l’essence et à la saturation des offres de transport public. Les autorités organisatrices bénéficieraient de subventions à l’achat des matériels et à l’aménagement des zones d’accostage, les coûts d’exploitation étant quasiment nuls. Une enveloppe de 340 millions d’euros est d’ores et déjà prévue.

Concrètement, les pédalos (à 1, 2 ou 4 places) seraient mis à la disposition des titulaires d’un abonnement transport public, en mode libre service (l’objectif étant de convaincre davantage les citadins que les touristes). Chaque AO (autorité organisatrice) pourrait décider des conditions précises d’utilisation (parcours, gilets de sauvetage, âge minimal etc), en conformité avec les réglements (lire ci-dessous). Ainsi, des points fidélité pourraient être distribués aux usagers qui remonteront le courant, afin d’éviter d’avoir à organiser la remontée des pédalos par bateau.

Pour Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, à l’origine du projet, c’est l’occasion de sauver la seule usine française de construction de pédalos en France, à La Vague-sur-Mer (17), menacée par la concurrence chinoise et australienne. Il aurait obtenu de la Commission que le soutien public français ne soit pas considéré comme anticoncurrentiel, aucun pays d’Europe ne construisant ce type de matériel. Ségolène Royal, dont la région héberge la société PédaloCorp, s’est réjouie d’être «à l’avant-garde de l’écologie inventive et nationale, pour promouvoir l’emploi industriel en Poitou-Charentes.»

Delphine Batho, d’abord réticente à donner son accord pour des raisons de sécurité («Le pédalo est fragile en cas de tempête»), s’est finalement laissée convaincre au vu des calculs réalisés par les experts de son ministère : dégagements de CO2 nuls, absence de pollution de l’eau (hors cas de jet de bouteilles d’eau par les usagers, qui seront punis d’une amende dépénalisée), amélioration de la santé publique par l’exercice physique. Frédéric Cuvillier, qui s’y connaît aussi en matière de navigabilité (il était maire de Boulogne-sur-Mer) a promis que ses services produiront deux règlements d’homologation des matériels et de sécurité des circulations, après consultation des parties prenantes et négociations avec la police fluviale. Selon nos informations, le cas le plus difficile à régler est la transformation de la priorité à droite en priorité à babord, pour des usagers majoritairement dépourvus de permis bateau. La création d’une antenne pédalo de la police fluviale parisienne serait à l’étude, mais aucune solution ne serait encore prévue pour les villes de province.

Le Gart et l’ensemble des élus des grandes villes françaises ont salué cette initiative, qui va dans le sens de la promotion des mobilités douces. Les Verts d’Ile-de-France, particulièrement ravis, ont déjà prévu d’aller promouvoir cette idée dans les grandes métropoles mondiales.

A Paris, alors que la viabilité économique de Vogueo apparaît de plus en plus difficile, Anne Hidalgo, candidate à la succession de Bertrand Delanoë, a déjà prévu de créer dès l’été 2014 l’opération Pédalo-Prime dans le cadre d’un Paris-Plage rénové (pour un trajet en pédalo sur la Seine, une heure gratuite de transat avec serviette fournie). Nathalie Kosciuzko-Morizet, sa future adversaire, a répliqué en stigmatisant l’insuffisance de performance des pédalos, et suggéré de leur adjoindre des moteurs auxiliaires, sur le modèle des vélos électriques. «Le risque d’électrocution est trop élevé», lui a déjà rétorqué Rachida Dati, qui soutient le projet.

Parmi les (rares) réactions négatives, l’association des villes sans fleuves ni canaux (AVSFC), qui réclame la mise en place de subventions équivalentes pour des vélos en libre service, mais aussi le Front de gauche, de Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce l’absence de création d’emplois liée à cette nouvelle offre : «Il faut créer des capitaines de pédalos, pour des raisons évidentes de sécurité et d’emplois qui échappent comme toujours à nos élites libéralo-mondialisées», a-t-il expliqué. Une position qui étonne, alors qu’il avait semblé dénoncer l’absence de performance du capitaine de pédalo lors de la dernière élection présidentielle. A l’UMP, embarrassée car ses élus locaux reçoivent plutôt bien le projet, on se contente de poser la question de la sécurité: «Et si l’eau entre dans le pédalo, comment fait-on pour écoper?»

Enfin, l’entourage du président de la République laisse entendre que cette innovation s’inscrit tout à fait dans sa logique de «choc de simplification» : «Des idées neuves, des idées simples pour faire avancer la France !», se serait enthousiasmé François Hollande à la lecture du projet gouvernemental.

Mobilettre, le 1er avril 2013

EDITO

Pédalogique

Est-ce l’effet de la crise ? De la progression des idées écologiques ? La quasi-unanimité des réactions en faveur du plan Pédalos du gouvernement peut être interprétée de deux façons : soit c’est un changement bienvenu de paradigme (enfin du pragmatisme de la part de l’Etat !), soit c’est le signe d’un désarroi face à l’ampleur des problèmes de financement. Des pédalos pour faire face à la vague…

Pour Mobilettre, le doute n’est pas permis : cette solution nouvelle est pédalogique. Une façon de dire aux Français, prenez votre mobilité en mains, c’est à vous et à vos mollets de jouer ! Chacun joue son rôle : l’Etat finance du matériel pédalant, les AO organisent les trafics de pédalos, et les citoyens pédalent sur l’eau. On n’a plus qu’à espérer que les administrations appelées à délivrer leurs autorisations ne feront pas tomber le projet Pédalo… à l’eau.

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